dimanche 28 février 2010

Poussières.



La lune est belle cette nuit. Elle me scrute de toute sa lumière, plongeant les arbres quelque peu affaiblis par la récente tempête dans une sombre luminosité bleutée. Un clair-obscur qui me manquait. Derrière tout ça chuchotent les étoiles. La tienne se distingue encore et toujours, j'ai même l'impression qu'elle se rapproche. L'odeur nocturne est si délicieuse, tellement plus que celles du jour, de la ville, des gens.
J'ai peur de m'imprégner de leur odeur. Lorsque j'étais assise sur un siège du tram, un vieillard est venu me rejoindre. Mon nez s'est empli de son odeur. Je la voyais même se propager dans l'atmosphère, se heurtant à celles des autres, formant ainsi un nuage multicolore et brouillé autour de nous tous. Oui, car les odeurs ont des couleurs. J'ignore encore à quoi elles se réfèrent pour définir leur propre teinte, car en les observant, je n'y ai trouvé aucune cohérence. Mais après tout, pourquoi devrait-il y en avoir une. Je voyais celle du grand-père se mêler à la mienne, presque doucement. Je savais que ce n'était pas en me décalant de quelques centimètres que j'allais la faire partir. Elle était violette, un violet profond. La mienne est d'un bleu, presque abimé je dirais. La voix annonce le prochain arrêt, le violet s'estompe délicatement du bleu. Son odeur suit le vieil homme, comme un lourd halo. Il la traine derrière lui. C'est la seule différence que j'ai observée entre les jeunes et les plus vieux. Les notre sont vaporeuses, elles flottent, presque libres.

Je suis partie me perdre dans les étoiles. Chut. J'avale la lumière.


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